mardi 24 avril 2018

Protestation dans les universités

La surdité du pouvoir mène à l'impasse 

Le Président de la République a réduit le mouvement de contestation dans les universités à l'action d'«agitateurs professionnels» (interview TF1 12 avril) et la Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche s'appuie sur la «légitimité démocratique» de la Loi ORE (interview France Culture 13 avril) pour refuser de modifier Parcoursup.
Pas besoin d'être long pour constater la surdité, l'aveuglement et la mauvaise foi du pouvoir, qui continue à nous conduire dans une impasse.
Des "agitateurs professionnels" les 1600 étudiant·e·s qui ont voté le blocage de Rennes 2 mardi 10 avril? Voilà une profession qui aurait beaucoup recruté ces derniers temps... Et les personnels des universités, administratifs et enseignants qui les soutiennent? Et ces universités entières et cette centaine de départements, dont la liste s'allonge chaque jour, qui votent collectivement le refus de collaborer au dispositif Parcoursup tel qu'il est imposé au prétexte de la loi ORE (relative à l' "orientation et à la réussite des étudiants")? Ils et elles ne comptent pas pour le pouvoir qui ne discute que le symptôme (les blocages des universités) et pas la cause: entre refus massif de sa transformation radicale de l'accès à l'université et simple constat de l'impossibilité matérielle de faire fonctionner Parcoursup.
La Ministre avançait comme argument majeur ce matin les bonnes intentions du gouvernement et la légalité de sa réforme, répétant que le Conseil Supérieur de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche (CNESER) avait donné un avis favorable. Mais il y a tout ce qu'elle ne dit pas, et qui aurait dû l'alerter beaucoup plus tôt pour (ré) ouvrir la discussion et corriger son dispositif:
  • Vote du Conseil Supérieur de l'Éducation (CSE) sur la loi ORE:
    42 votes contre et 30 pour, jeudi 9 novembre 2017. Refus clairement majoritaire.
  • Avis du CNESER sur la loi ORE:
    35 pour (dont CFDT, Unsa, CPU, Peep), 32 contre (dont FSU, CGT, Unef, Solidaires) et 8 abstentions (dont la Fage), 13 novembre 2017. Accord à une petite majorité toute relative (35 pour sur 75 voix).
  • Vote final de la loi ORE à l’Assemblée nationale:
    49 député·e·s pour et 13 contre (15 présent·e·s effectivement), sur 577, le 15 février 2018. Peut-on appeler ça une majorité?
  • Vote du CSE sur Parcoursup:
    36 voix contre, 0 pour, le 5 mars 2018. Refus total, chose inédite.
  • Vote du CNESER sur Parcoursup:
    34 pour, 32 contre, le 8 mars 2018. Toute petite majorité.
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