Les personnels de l'Université Paul-Valéry mobilisés pour une université ouverte et solidaire
samedi 31 mars 2018
vendredi 30 mars 2018
Mobilisation nationale contre la réforme, état des lieux
Sur l'affaire de Montpellier, les témoignages et les vidéos s'accumulent et désignent plusieurs professeurs de droit comme participants voire directement auteurs de coups portés sur les étudiant.e.s. Voir notamment l'enquête en cours de Médiapart :
- 23 mars : https://www.mediapart.fr/journal/france/230318/apres-l-agression-d-etudiants-le-doyen-de-la-fac-de-montpellier-demissionne?onglet=full
- 28 mars : https://www.mediapart.fr/journal/france/280318/faculte-de-montpellier-les-temoignages-qui-accusent-la-video-qui-accable?onglet=full
Sur la situation des mobilisations partout en France, voici
une compilation d'infos et sources extraites de
paris-luttes.info
et de
SLU et de la liste [Prep.Coord.Nat]
sur la situation actuelle :
- Nancy : La fac est bloquée depuis le
22 mars.
Voir sur Manif’Est. Aujourd’hui s’est tenue une AG
d’environ 1000 personnes pendant presque quatre heures. Les
débats, contradictoires, se sont tenus dans une ambiance
tendue mais sans heurts.
La reconduite illimitée du blocage a été votée par plus de 600 personnes. Les opposants au blocage ont totalisé environ 340 voix.
- Limoges : Malgré un début poussif de la mobilisation en octobre, les choses se sont accélérées fin janvier, avec des AGs plus massives, des barrages filtrants et une bataille de tags dans le campus. Voir sur La Bogue.
- Toulouse : Un bilan de la situation à Toulouse dans cet article. L’AG du Mirail du 26 mars (2500 personnes !) a reconduit à une très large majorité le blocage et l’occupation au moins jusqu’à jeudi.
- Dijon : À partir du 26 mars 2018, des moments
d’organisation contre la Loi Vidal auront lieu tous les
lundi à 12h30 devant l’amphi Proudhon. Le 26, ce sera
notamment l’occasion de répondre à l’appel à manif contre
les attaques policières et fascistes sur les facs.
Occupation de la MSH par les étudiants cet après-midi (28
mars).
- Grenoble : 150 personnes ont tenté de perturber un colloque réunissant de nombreux acteurs de la militarisation des frontières (Frontex, Euromed Police, Europol) sur le campus de l’université, et se sont fait violemment réprimé.e.s par les flics. Voir sur CRIC.
- Poitiers : Un amphithéâtre est occupé par les étudiants depuis la semaine dernière.
- Rennes : grosse mobilisation depuis plusieurs mois sur le campus de Rennes 2. AG massives, blocages totals récurrents. Le 22 mars, le bâtiment de la présidence de Rennes 2 a été bloqué, ainsi que l’IEP (science-po). Suivi de la mobilisation sur expansive.info. L’amphi B7 a été réoccupé.
- Strasbourg : Occupation par une centaine
de personnes puis
expulsion par les flics du Palais universitaire le 22.
Le Palais universitaire a été réoccupé le 26 mars et
tient.
Aujourd'hui 50 étudiants ont réussi à s’introduire
dans le bâtiment de la présidence et occupent l’amphi Alain
Beretz.
Ils négocient avec l’équipe présidentielle la mise à disposition d’une salle 24h sur 24. - Nantes : Campus de lettres et sciences humaines bloqué le 22, AG de 600 personnes. Après déblocage par la présidence dans l’après-midi, le blocus a repris vendredi 23 mars. Les revendications dépassent la question de la sélection puisqu’il s’agit aussi du droit des migrants qui occupaient un bâtiment de la Fac. Le 27, 1000 personnes en AG. Article Ouest France sur l’occupation de la fac de droit.
- Bordeaux : Blocage le 22 et occupation toujours en cours à Bordeaux 2 depuis la première intervention policière
- Lille : Occupation puis expulsion par les flics d’un amphi à Lille 3, blocage de l’IEP le 22, lundi 26 une AG qui se tenait à Lille 2 a été attaquée par des fafs, en réponse les participant-e-s à l’AG sont partis en manif sauvage dans les rues de la ville jusqu’à 22h. Manifestation des étudiants : l’université Lille 2 fermée cet après-midi par “prévention”. (France-info) Le Président de l’Université de Lille 2, en accord avec le doyen de la faculté de droit, a décidé d’annuler les cours et de fermer le campus de Lille - Moulins en prévision de la manifestation des étudiants, prévue cet après-midi à 14h.
- Pau : Blocage de la fac les 21 et 22 mars, plus de 200 étudiant-e-s à la manif du 22 ce qui est très important pour une ville comme Pau.
- Nice : Un collectif de lutte contre la casse de l’enseignement supérieur regroupant des syndicats de l’enseignement supérieur de Nice (FSU06, Solidaires étudiant-e-s Nice, CGT educ’action et bientôt d’autres) s’est constitué : il s’agit de sauve ta fac 06.
- Montpellier : Outre les réactions à l’agression fasciste à la fac de droit, blocage reconduit à la fac de lettres. Le 27 mars, 3000 personnes en AG à Paul Valéry. occupation active votée à une très large majorité . Des cours substitutifs sont mis en place depuis 15 jours. La fac de droit et de science politique rouvre le 3 avril. Historique de la mobilisation par un enseignant de Montpellier
- Lyon : Le 22, blocage du campus des Quais à Lyon 2.
- Rouen : Ça commence à bouger à Rouen
également. 200 personnes en AG le 27 mars.
(liste non-exhaustive) Les universités de Rouen et Caen en partie bloquées « contre la sélection et la répression ». - Caen : A Caen le bâtiment occupé sur l’université a été évacué par la police en toute fin d’après-midi du 28 mars 2018.
- Programme permanent à Tolbiac occupée
- Commune
libre de Tolbiac : jour 1 occupation contre la
sélection
- Nanterre : Prochaine AG, jeudi 29 à 12h30 en salle D1
- Paris 8 : Rassemblement + AG jeudi 29 mars à 12h, devant la fac
- Paris 7 : Prochaine AG le jeudi 29 mars à 12h30
- Paris 1 St-Charles : AG du site le mercredi 28 mars à 11h
- Paris 1 Tolbiac : AG jeudi 29 mars à 10h, amphi N
- La Coordination Nationale de Lutte, qui s’est rassemblée à Rennes les 17 et 18 mars .
- La Coordination Nationale Etudiante (CNE), qui s’était réunie une première fois le même week-end à Montpellier, avant de se retrouver de nouveau les 24 et 25 mars à Toulouse au Mirail.
Réforme de l’Université : pourquoi ça bloque ?
Georges Haddad, président de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne invité de France culture
écouter : 1ère partie / 2nde partie
écouter : 1ère partie / 2nde partie
jeudi 29 mars 2018
France 3: Sur les contractuels de l'éducation nationale
On compte plus d'un million de contractuels précaires dans
l'administration, notamment dans l'Éducation nationale. Les deux
enseignantes que France 3 a rencontrées ont le sentiment d'être la
variable d'ajustement de leur académie. voir la vidéo
Faire barrage à la sélection : OUI À TOUTES ET TOUS LES BACHELIER.E.S - Appel du BN du 27 mars 2018
Le SNESUP appelle à démissionner des Commissions de sélection ParcourSup !
[...]
Dans les établissements, nombre de collègues refusent de répondre aux injonctions ministérielles de mise en œuvre du tri social. Ils ou elles hésitent ou s’interrogent sur les actions à entreprendre. Or, les formations du ministère à propos de Parcoursup ont montré que la plate-forme permet de dire « OUI » à tout le monde dès le 22 mai. Notre seul mot d’ordre doit être : OUI à toutes et tous les bachelier.e.s.
Plusieurs pistes d’action sont possibles. Le SNESUP-FSU en propose d’ores et déjà 3 en fonction des rapports de force locaux et des situations variées (filières « en tension » ou non, particularités géographiques, etc…).
Lire l'appel / Télécharger en PDF
mercredi 28 mars 2018
réunion du comité des personnels
Réunion du comité de mobilisation des personnels de l'université de Montpellier 3
ce jeudi 29 mars 10h-12h amphi C
ordre du jour :
-
Actions du comité de mobilisation
-
Revendications des personnels mobilisés
- lien
avec le comité mobilisation étudiants
L’éducation au cœur du projet néolibéral
Derrière les réformes
éducatives au Royaume-Uni et
aux États-Unis : l’éducation au cœur du projet néolibéral
aux États-Unis : l’éducation au cœur du projet néolibéral
par David Giband et
Nora Nafaa
Depuis la fin des années 1990, de nombreux pays occidentaux,
prenant acte des dysfonctionnements de l’école (échecs et inégalités scolaires,
faible qualification de la main d’œuvre, etc…) et plus largement de leur
système éducatif, ont opéré un tournant au titre de politiques réformatrices
visant à mieux adapter l’école et l’ensemble de ses acteurs (élèves, parents,
enseignants et administratifs, du primaire à l’université) aux enjeux sociétaux
et économiques. À la suite de Tony Blair et de son célèbre discours lors de la campagne
électorale de 1997, résumant son programme politique à la formule :
« Éducation, éducation, éducation »,
la question éducative est devenue un enjeu central des politiques publiques.
Dans le cadre d’économies mondialisées, interconnectées et
hyper compétitives, l’éducation apparait à la fois comme l’un des moteurs du
changement et de l’adaptation à la compétition globale, et comme le socle sur
lequel se construisent les sociétés du XXIème siècle dans lesquelles une
éducation réformée facilite autant qu’elle encourage les innovations (sociales,
technologiques, …), l’adaptabilité, la flexibilité et la performance des
individus dans des sociétés complexes. Ces réformes, initiées de façon
concomitante au Royaume-Uni et aux États-Unis, modifient radicalement le cadre
spatial et temporel dans lequel jusque-là se construisait le processus éducatif.
L’éducation ne couvre plus un temps limité de l’individu (celui de sa jeunesse)
mais s’inscrit dans un temps long et renouvelé (celui de l’apprentissage tout
au long de la vie) et déborde du cadre normé de l’institution scolaire pour
« s’ouvrir » à de nouveaux espaces : formations en entreprise,
auto-formation par les individus eux-mêmes, dans le cadre associatif, familial,
religieux, etc. Ces changements ne sont pas neutres. Tout d’abord, ils
induisent l’idée d’une nécessaire dérégulation du système public éducatif,
accusé de faillite et donc contraint à la réforme. Faillite souvent entretenue
par un sous-investissement chronique, par un soutien tacite aux établissements
privés, et par la relégation des plus modestes dans des écoles ghettos. Ce fut
le cas de nombreux districts scolaires des grandes villes aux États-Unis
(surtout celles peuplées par les minorités noires et hispaniques) où la
faillite fut autant financière : incapacité à payer les salaires ou à
entretenir les locaux, que pédagogique : échec massif, décrochage scolaire
des plus modestes. La remise en cause souvent violente et partagée par de nombreux
partis politiques (le New Labour au Royaume Uni, le parti démocrate aux États-Unis)
de ce qui est présenté comme « le royaume de l’éducation publique »
(image porteuse de nombreux clichés : le service public d’éducation comme
une forteresse inattaquable, vieillotte, aux mains d’une aristocratie
déconnectée de la société, clichés qui ne sont pas sans rappeler ceux sur le Mammouth)
prépare ainsi l’opinion à une salutaire et indispensable réforme d’un système à
bout de souffle. Ces réformes ont ensuite pour objectif d’introduire de
nouveaux « opérateurs éducatifs » sur la scène scolaire :
entreprises privées, fondations caritatives, secteurs associatifs, autant
d’acteurs présentés comme plus aptes à offrir un cadre pédagogique innovant et
flexible, mieux adapté à une demande supposée diverse, plus réactifs face aux
enjeux de la société, davantage ancré dans la réalité du tissu socio-économique
local. Le cadre spatial apparaît dès lors comme une contrainte qu’il s’agit
d’adapter : carte scolaire, catchment
areas et autres districts scolaires ne disparaissent pas mais les anciens
périmètres, limites, normes qui les régissaient sont assouplis de façon à
permettre davantage de mobilité (sociale, éducative, professionnelle, des
parcours, etc…) et de flexibilité. Mobilité qui (comme l’ont montré de
nombreuses études) bénéficie surtout aux plus aptes (socialement,
culturellement et économiquement) et pénalise encore plus ceux appréciés comme
des inaptes (enfants issus de foyers pauvres, à la mobilité scolaire
contraintes par de multiples facteurs). À cela s’ajoute une dimension morale
renvoyant l’éducation à la question individuelle du choix (le sacro-saint libre
choix des familles et des individus inscrit dans un projet éducatif au long
cours) que chacun est appelé à faire dans un système présenté comme ouvert
(plus de contraintes de la carte scolaire) et offrant une large gamme d’opportunités
éducatives.
Ces réformes ne consistent donc pas seulement à une simple
privatisation du système public d’éducation. Comme le montre l’exemple avancé
des États-Unis, elles s’inscrivent depuis la réforme de 2002 (No Child Left Behind, traduite « aucun-enfant-laissé-pour-compte »,
on appréciera l’ironie du nom de cette loi) dans une néo-libéralisation des
politiques éducatives se déclinant en plusieurs processus : la
dérèglementation, la marchandisation de l’école (diversification et
fragmentation de l’offre scolaire, encouragement aux comportements consuméristes des parents,
positionnement des écoles sur un marché compétitif et inégal via des
classements ultra médiatisés), la légitimation et la moralisation de ces
nouvelles politiques éducatives (notions de liberté, de libre choix et de droits
mises en avant, convocation de la globalisation comme argument de réforme,
banalisation des outils d’évaluation/sélection), et la privatisation, elle-même
se déclinant sous diverses formes. Il existe une contractualisation des
services éducatifs publics, fonctionnant selon les agendas politiques des élus
locaux (l’éducation ne peut être qu’une affaire articulée au local), et
adoptant un modèle entrepreneurial dans les discours et les pratiques
(introduction des normes managériales dans l’évaluation permanente des élèves,
des enseignants, des établissements, introduction de critères plus
ou moins clairs de sélection dans certaines écoles). Cette
contractualisation passe également par l’externalisation d’un certain nombre de
services scolaires et parascolaires (éditions de programmes, restauration,
transports, agences d’intérim pour les enseignants contractuels) impliquant la
structuration d’un secteur économique puissant. Enfin, la financiarisation de
l’école publique, au travers de la prégnance des questions budgétaires, mais
également l’intervention d’acteurs privés gérant des écoles publiques à but
lucratif, est révélateur de ce tournant (les Charter Schools). Depuis le début des années 2000, tout un secteur privé
de l’éducation s’est construit autour de l’incroyable multiplication des charter schools aux États-Unis. Ces
écoles relevant d’opérateurs à but lucratif (entreprises privées, fondations,
etc..) ont prospéré au rythme de la fermeture des écoles publiques. Suite à la
généralisation des normes d’évaluation contraignantes, les écoles publiques les
plus en difficulté (ne répondant pas à des critères de réussites académiques
standardisées à l’échelle nationale situées le plus souvent dans les ghettos
noirs et hispaniques) sont fermées, les personnels licenciés et des opérateurs
privés (les charter schools) invités
à reprendre le flambeau d’une école publique en échec. Les charter schools (écoles sous mandat), appartenant à des opérateurs
à but lucratif bénéficient des fonds publics pour gérer sur une période donnée
un établissement scolaire en fonction de normes managériales perceptibles dans
le recrutement des élèves et des enseignants, dans la gestion quotidienne comme
dans celle du projet éducatif. Secteur économiquement rentable qui a conduit à
l’émergence de grands groupes nationaux qui désormais développent des
stratégies de développement, de rachat d’écoles selon la profitabilité supposée
des marchés scolaires locaux. Source d’injustice sociale et raciale, ces écoles
bénéficient de l’appui des administrations républicaines comme démocrates
(celle de B. Obama ne faisant pas exception). La diversification des acteurs de
l’éducation, publics et privés, ainsi que des sources de financement (taxes,
impôts, philanthropie, entreprises privées, dons défiscalisés), participent de
la déstructuration d’un service scolaire public affaibli, notamment dans les grandes
villes. Cette privatisation des services publics d’enseignement, primaires et
secondaires, va de paire avec une privatisation plus générale de l’ensemble des
services publics.
Les réformes que connaissent l’école et l’éducation dans
certains pays comme les États-Unis ne se résument toutefois pas à une
« banale » privatisation transformant l’éducation en une marchandise.
Elles sont plus largement au cœur du projet néolibéral qui fait de l’éducation
l’épicentre d’un changement sociétal plus large poussant l’individu même à se
réformer, à s’adapter en permanence à une société incertaine, changeante,
évaluatrice, compétitive, sélective et morale. Plus qu’une marchandise, ces
réformes font de l’éducation (désormais renvoyée à la question du choix
individuel réduit à la formule du projet : éducatif, professionnel, etc…),
une des bases morales et politiques du processus néolibéral (Harvey, 2014).
Pour plus d’éléments,
il est possible de consulter les travaux suivants :
Giband, D.,
2003, « L'école et la métropole américaine à l'épreuve de la gouvernance.
Nouvelles minorités, pratiques de l'espace scolaire et fragmentation
métropolitaine/New minorities, school practices and metropolitan fragmentation:
the American metropolis at the edge of governance », Annales de
géographie, pp. 382-401.
Giband, D.,
2014, « À l'école du pouvoir Migrants et territoires éducatifs dans les
métropoles américaines », Outre-Terre, n°1, pp. 163-178.
Nafaa, N.,
Giband, D., 2016, « Les villes américaines/Obama et l’école:
néolibéralisation et marchandisation des districts scolaires urbains », Urbanités, mis en ligne le 9 novembre
2016.
Nafaa, N.,
2016, « Quand l’éducation fait son marché : ségrégation, marchandisation
et néolibéralisation. L’exemple de Philadelphie », Géoconfluences,
mis en ligne le 15 avril 2016.
Nafaa, N., 2017,
« Déclin urbain et néolibéralisation de l’éducation, l’exemple de
Pittsburgh aux États-Unis », Belgeo. Revue belge de géographie, [en
ligne], n°2-3.
Sur la
néolibéralisation de nos sociétés :
·
Harvey D., 1994, Brève
Histoire du néolibéralisme, Paris, Les Prairies ordinaires, coll. «
Penser/Croiser », 2014, 320 p.
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